Bejaia : un pénitencier 5 ***** étoiles
Qui a dit que l’Algérie ne respecte pas les droits de l’Homme ? Dans sa livraison du 25/10/2010, Le Soir d’Algérie, couvrant la visite du Ministre de la justice, Tayeb Belaïz, en visite à la wilaya de Bejaia, nous apprend qu’un nouveau pénitencier avec toutes les commodités a été inauguré à Oued-Ghir. Depuis l’article de l’auteur (A. Kersani), je suis arrivé à tirer la fiche technique suivante, laquelle, mérite une lecture précise sous plusieurs angles afin d’en tirer au clair les sous-entendus.
FICHE TECHNIQUE :
Implantation : Oued-Ghir Wilaya de Bejaia
Superficie du terrain : 10 hectares
Capacité d’accueil : 1.000 places
Coût Initial de réalisation : 2 milliards de Dinars, soit 200 milliards de centimes
Entreprise de réalisation : Nationalité Chinoise
Début des travaux : 2008
Fin prévue des travaux : 2009
Date d’inauguration : 24/10/2010
Coût du retard et réévaluation : 4 milliards de Dinars, soit 400 milliards de centimes
Coût global à la fin des travaux : 6 milliards de Dinars, soit 600 milliards de centimes.
Utilité du projet : Humanisation des prisons pour une meilleure prise en charge des détenus.
Pour une première lecture, Il n’est pas nécessaire de m’étaler sur le fond sociologique et philosophique de pareille réalisation, mais en fin calculateur, je me limiterais au seul segment économique qui d’ailleurs suscite nombres d’interrogations.
Pourquoi une superficie de 10 hectares, alors que le vaste pénitencier d’El Harrach, est d’une superficie beaucoup plus moindre ?
A quels critères a-t-on obéi pour avoir confié la réalisation à une entreprise chinoise ?
Est-il logique de construire une prison dont le coût par détenu revient à 600 millions de centimes ?
Est-il logique que le coût au mètre carré – en supposant que toute la superficie a été construite – revient à 60.000 Dinars ?
Il y a encore des tas de questions à se poser, mais il est utile d’analyser plus en profondeur l’aspect économique de ce projet, certes profitable pour les détenus, mais ruineux pour le contribuable.
Synthèse chiffrée des données du projet :
Désignation | U/Mesure | Total | Par/détenu |
Superficie du terrain | M2 | 100.000 M2 | 100 M2 |
Coût initial du projet | DA | 2.000.000.000 DA | 2.000.000 DA |
Coût de réévaluation | DA | 4.000.000.000 DA | 4.000.000 DA |
Coût final | DA | 6.000.000.000 DA | 6.000.000 DA |
Coût final au mètre carré | DA | 60.000 DA | 60.000 DA |
A travers les données de cette synthèse, la première remarque qui attire l’attention est la superficie de l’assiette de terrain sur laquelle est réalisé ce pénitencier. On ne peut que dire, qu’elle est exorbitante par rapport au nombre des détenus qui occuperont le lieu. Cent mètres carrés par détenu relèvent de l’exagération, alors que le commun des algériens soit disant libre ne dispose pas de cette surface dans le cadre d’une vie normale. Il faut noter que cent mille mètres carrés de terrain urbanisables peuvent être transformé en lotissement d’une capacité d’au moins 400 lots de 200 mètres carrés chacun.
La deuxième remarque se situe entre le coût initial du projet, estimé à 2 milliards de dinars, et le montant de la réévaluation qui a atteint le double, soit 4 milliards de dinars. Peut-on justifier ce montant par une démonstration technique et financière crédible afin de situer les responsabilités de cette dépense couteuse pour le trésor public ? Un pénitencier à 6 milliards de dinars pour une capacité de 1.000 détenus relève de l’utopie.
La troisième remarque qui est trop flagrante, est le coût final au mètre carré qui s’élève à 60.000 DA, et cela, en supposant que les cent mille mètres carrés de la superficie du terrain soient construites dans leur totalité, alors que ça ne peut être le cas. La brigade économique du DRS a du pain sur la planche pour mettre à nu le scandale des opérations scabreuses pareilles qui ruinent l’argent du contribuable.
Une autre interrogation s’impose dans cette approche. A combien revient un poste d’emploi, un logement social, une place pédagogique, un lit d’hôpital, un lit d’hôtel ….. ? En dépit de toutes les insuffisances, on ne pourrait justifier par aucune raison la double réévaluation du coût initial d’un projet. D’ailleurs lorsque qu’on veut exagérer, on dit souvent qu’untel est passé du simple au double. Accepter alors un coût de réévaluation qui fait deux fois le devis initial d’un projet, c’est carrément cambrioler les caisses de l’Etat en plein jour.
Cependant, n’ayant pas de données officielles de ce projet, cette opinion est basée sur la seule source de l’article paru sur le quotidien Le soir d’Algérie dont le lien est collé ci-dessous.
SOURCES : http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/10/25/article.php?sid=107862&cid=2