Le 5 Octobre 1988, une prouesse démocratique abandonnée

Publié le par B. Amar

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Il y a eu mort d’hommes en cette date mémorable, malheureusement aucune leçon n’a été tirée de cet évènement majeur dans la vie des algériens. Bien au contraire, au lieu de lui donner un sens positif, on lui a collé l’étiquette de « chahut de gamins » pour étouffer dans l’œuf le projet d’une société algérienne démocratique qui aurait permis au peuple algérien, la construction  d’une «Nation» au sens propre du mot. C’est grâce au 5 octobre 1988 que des journalistes en quête de liberté d’expression, ont pu envahir le champ médiatique par la publication de quotidiens indépendants. C’est grâce aussi, à cet évènement exceptionnel, œuvre de la jeunesse algérienne, que des partis politiques de toutes tendances ont vu le jour depuis un champ politique miné par le Parti Unique dès le début de l’indépendance.

Qui a profité du « Butin » du 5 Octobre 1988 ?

A cette époque, le régime était dans l’impasse la plus totale en raison de la fin de la guerre froide et la  faillite provoquée par la chute brutale des prix du pétrole. L’Algérie ne pouvait ni supporter le poids de la dette extérieure, ni faire face aux dépenses de fonctionnement de l’Etat. C’était une vraie catastrophe humaine ! Il fallait donc libérer les esprits et dire les quatre vérités au peuple. Cette vérité est venue de la bouche même du Président de la République de l’époque, qui, pour une fois, n’a pas était avare en communication. C’est ainsi que lors du discours du mois de septembre 1988, Chadli BENDJEDID n’a pas hésité un instant à pousser carrément le peuple à la révolte. Il fallait crever l’abcès pour provoquer le changement depuis l’intérieur du Régime, avant que celui-ci ne soit imposé depuis l’extérieur. Quelques jours après ce discours, et plus exactement la veille du 5 Octobre 1988, la jeunesse algérienne à démontré au « Régime » en place, qu’elle était adulte autant que ses ainés qui ont fait Novembre  1954 ,et qu’elle était capable de prendre amplement en main  son destin.

Que restent-ils des acquis du 5 Octobre ?

-          Un pouvoir autocratique, consolidé par un appareil répressif ne lésinant sur aucun moyen de repression,  pour mettre au pas tous ceux qui n’épousent pas les idées du prince.

 

-          Des partis ambivalents et impopulaires qui soufflent le chaud et le froid en même temps, dont les leaders ne font que soigner leur égo en tentant de soutirer au pouvoir quelques brides d’autorité et quelques miettes de la rente pétrolière.

 

-          Une presse indépendante……….. de sa volonté, dont les patrons sont occupés beaucoup plus par la gestion de la rente destinée à la publicité, en plus de brossage de la bête dans le sens du poil pour rester au parfum avec les décideurs.

 

-          Une économie de bazar qui ne profite qu’aux monopoles privés qui se sont constitués au lendemain du démantèlement des barrières douanières, et qui règnent en Maîtres sur tous les secteurs de l’économie nationale.

 

La jeunesse algérienne a-t-elle tiré un quelconque avantage ?

-          Absolument, non ! Plutôt tout se complique dans ce pays pour cette jeunesse qui, se sentant marginalisée de la vie politique et même publique, s’est inventée un phénomène terrible, lui attribuant le nom propre de « HARGA » jusqu’à contraindre l’Académie française de l’inclure dans la liste des mots des dictionnaires Larousse et Robert. La « HARGA » est devenue le seul  moyen digne pour cracher en face de ce pouvoir corrompu et méprisant. Par ce moyen, qui ne fait pas parti de l’ordinaire, la jeunesse algérienne à démontrer une fois de plus, sa maturité, sa bravoure, et son courage illimité, en bravant les risques de la haute mer au détriment de sa vie, à la quête d’une dignité perdue dans sa propre patrie et qu’elle recherche dans un ailleurs plus clément.

C’est pour toutes ces raisons que la date du 5 Octobre, devrait être commémorée par la jeunesse algérienne comme « Journée de la dignité » jusqu’à extinction de la « HARGA » et ensuite, célébrée comme « Journée de la liberté » lorsque les journaux et les Partis politiques cesseront de suivre aveuglement l’idéologie du Pouvoir.

A la mémoire de ceux qui sont tombés en martyrs de la démocratie le 5 octobre 1988

B. Amar

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